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    • 10 MAI 16
    Agir avant le point de non-retour

    Les professionnel-les en soins ont une capacité d’adaptation phénoménale. Depuis de trop nombreuses années, elles assistent au démantèlement de notre système public de santé et de services sociaux. Elles subissent directement les impacts de l’austérité. Avec les mesures du gouvernement Couillard, elles doivent maintenant composer avec un réseau plus centralisé et complexe que jamais, le tout avec des compressions qui ne cessent de s’accumuler.

    Alors que nous soulignons la semaine des infirmières et infirmiers, nous devons faire le point. Cela nous permet de prendre conscience de l’ampleur des attaques que nous subissons, mais surtout de l’urgence de prendre la parole pour défendre nos services publics.

    L’heure des bilans

    C’est pratiquement chaque semaine que les manchettes font état de la surcharge de travail, faisant de cette question un enjeu de plus en plus préoccupant dans le réseau de santé et de services sociaux.

    Augmentation des arrêts de travail aussi bien en raison d’accidents de travail que d’épuisement professionnel, une prise de médicaments qui augmente considérablement et un sentiment de plus en plus répandu de ne pas arriver à répondre entièrement aux besoins des patientes et patients. Ceci est le lot des difficultés vécues partout au Québec par les infirmières comme par l’ensemble du personnel du réseau de santé et de services sociaux. Des indicateurs inquiétants qui ne mentent pas! Il faut bien l’admettre, l’état des troupes est loin d’être à son meilleur.

    Il faut dire que nos gouvernements ont fait tout en leur pouvoir pour affaiblir notre réseau public. Pour le faire, ils doivent rendre notre travail toujours plus dur. Abolir des postes, augmenter la cadence, ne pas remplacer les personnes en arrêt de travail, autant de stratégies patronales qui ont un effet direct sur la santé des professionnel-les. Avec les vacances qui arrivent et le non-remplacement de plusieurs professionnel-les, la charge de travail ne fera qu’augmenter encore une fois.

    Et que dire du retour en force du temps supplémentaire obligatoire? Il s’agit d’une pratique qui met à risque aussi bien les infirmières que les patient-es. Le Ministère s’est d’ailleurs engagé à agir sur l’organisation du travail, notamment en augmentant le ratio des postes à temps plein, pour réduire le temps supplémentaire. Il est grand temps de lui rappeler ses engagements.

    Quel est le point de non-retour?

    Malgré toutes ces atteintes, le personnel du réseau continue tant bien que mal à offrir des services à la population. On ne peut que saluer la résilience de ces femmes et de ces hommes sans qui nous n’aurions plus accès à des services publics.

    Mais à la vitesse où vont les choses, nous sommes en droit de nous demander quand interviendra le point de non-retour. En continuant à ce rythme, il est évident que les professionnel-les en soins ne parviendront pas à tenir le coup. Nous devons prendre conscience de la récurrence de l’alourdissement du travail de milliers de professionnel-les en soins.

    En plein mois des professionnel-les en soins, profitons de l’occasion pour lancer un message fort au gouvernement Couillard. Il doit cesser de mettre une pression indue sur les infirmières et infirmiers et travailler à consolider nos services publics plutôt qu’à les démanteler.

    L’accès à des services publics universels est un acquis social précieux et on ne peut accepter de le laisser s’effriter sans réagir!

    Nadine Lambert