En 2019, notre détermination pour parvenir à améliorer nos conditions de travail et les services que nous donnons à la population commence à porter fruit. Après des années à lutter sans relâche face aux attaques que nous subissons, ces victoires annoncent une année 2020 riche en mobilisation.
Loin de moi l’idée de dire que tout va bien. La crise continue de frapper dans nos secteurs et il reste encore bien à faire pour convaincre ceux qui nous dirigent de faire la seule chose qu’il faut pour régler la situation : écouter les travailleuses et travailleurs !
Mais pour finir l’année, je pense qu’il faut revenir sur quelques luttes pour voir comment continuer d’avancer en 2020.
Le poids du nombre pour mettre fin à l’apathie
Certains privilégiés de notre société comme les médecins spécialistes par exemple ont accès aux officines du pouvoir pour influencer les dirigeants en leur faveur. Le personnel du réseau de la santé et des services sociaux et du réseau des services de garde éducatifs ne peut miser là-dessus. Notre force, c’est le poids du nombre, pas le pouvoir des lobbys ! Et les victoires que nous obtenons montrent que lorsqu’on mise sur notre mobilisation, on avance !
Tout n’est pas rose évidemment. Mais ce que je remarque, c’est que nous sommes de plus en plus nombreux à mettre l’apathie derrière nous et à nous préparer à nous mobiliser pour défendre nos droits. Plus que jamais, il faut faire passer notre message à la population.
Une crise qui perdure dans le réseau
Tout au long de l’année 2019, la crise du réseau a fait les manchettes. Nous sommes intervenus à plusieurs reprises pour exiger des actions urgentes. Nous avons donné la parole au personnel, qu’on pense aux préposé-es aux bénéficiaires, aux ASSS ou encore aux assistant-es techniques en pharmacie.
Et tout au long de l’année, nos travaux ont été repris et ont mis une pression lourde sur le gouvernement. Quand la critique vient des travailleuses et pas seulement de leur syndicat, le gouvernement tend l’oreille. Jusqu’à maintenant, les résultats ne sont pas au rendez-vous, mais je vois qu’on sème des graines.
Des exemples ? Lors du dépôt du budget, le gouvernement a dû commencer à répondre à nos demandes (sans toutefois mettre ce qu’il faut pour mettre fin à la crise). Dans les établissements, de plus en plus de syndicats forcent les employeurs à prendre en considération nos solutions pour mettre fin au manque de personnel. Face à l’ampleur de la crise d’épuisement du personnel, le gouvernement s’engage à agir par le biais de la négociation pour la santé de celles et ceux qui soignent la population.
Négo 2020 : Unir, agir, gagner
La négociation du secteur public est en selle. Avec les offres du gouvernement, on se rend bien compte que nous n’aurons pas une partie facile. Les dépôts du gouvernement sont complètement déconnectés des problèmes réels vécus sur le plancher. C’est comme s’il ne reconnaît pas qu’il y a un problème généralisé d’attraction et de rétention du personnel!
L’avantage que nous avons, c’est d’abord que nos demandes sont au cœur des préoccupations des travailleuses et travailleurs. Nos consultations ont été plus vastes que jamais et nous avons tout en main pour convaincre la population que le gouvernement doit agir pour mettre fin à la crise dans le réseau de santé et de services sociaux.
Une autre force, c’est la réaction des membres aux offres patronales ! Je ne sais pas si vous avez pris le temps comme moi de lire les commentaires sur notre page Facebook, mais ça vaut le détour (d’autant plus que c’est une source appréciée de notre premier ministre !). Notre monde est en colère. Ils savent bien que nos demandes sont les solutions pour améliorer les choses. Chose certaine, c’est maintenant clair que nous devrons nous mobiliser pour faire entendre raison au gouvernement.
Cette colère doit nous servir à gagner ! Nous avons justement remporté une victoire pour augmenter notre rapport de force sur la question des services essentiels. C’est en nous mobilisant qu’on se donne le plus de chance que nos solutions trouvent leur chemin !
Des gains dans les services de garde éducatifs
Dans les CPE et les RSG, c’est la maternelle 4 ans qui fait jaser. Les travailleuses ont pris le bâton du pèlerin et se sont mises au boulot pour convaincre les gens que la solution, c’est de mettre nos énergies dans le réseau des services de garde éducatifs. Et vous savez quoi ? Ça fait des petits !
Non seulement cette promesse gouvernementale ne reçoit pas l’appui de la population, mais en plus le gouvernement a été forcé de reculer grâce, entre autres, à notre détermination. Il se concentrera sur les milieux défavorisés pour implanter les maternelles 4 ans. Mais les dommages sont faits. Tellement que la pénurie frappe le secteur, comme nous l’avons démontré dans un sondage. En 2020, le gouvernement va devoir réparer les pots cassés et mieux valoriser les travailleuses des CPE et les RSG.
Autre victoire majeure, celle de la fin de la modulation des tarifs. Le gouvernement libéral avait trouvé cette astuce pour pousser les familles vers les garderies privées. On a tellement tapé sur le clou que la CAQ est passée à l’acte plus vite que prévu. C’est une bonne nouvelle pour les CPE et les RSG, encore une fois aidée par notre mobilisation !
Une victoire pour les paramédics et la population
Les paramédics sont reconnus pour être tenaces. Cela fait des mois qu’ils exigent que le gouvernement respecte ses engagements pris en négociation. Il faut mettre fin aux horaires de faction qui nuisent à leurs conditions de travail et aux services à la population.
En novembre dernier, le gouvernement a été forcé d’investir dans le secteur, entre autres pour convertir certains horaires de faction. Le déploiement des heures de service supplémentaires et l’ajout des ambulances sont une victoire importante qui va permettre d’améliorer les délais de réponse.
Si ces investissements sont une belle victoire, la transformation d’horaires de faction en horaires à l’heure est toujours en attente dans plusieurs régions. En 2020, le gouvernement devra poursuivre le travail.
Des négociations pour nous faire avancer
Tout au long de l’année, plusieurs travailleuses et travailleurs affiliés à la FSSS-CSN ont poursuivi leur négociation ou mené les travaux pour préparer des négociations qui se tiendront en 2020.
Je pense aux RSG et aux CPE qui sont fin prêtes pour faire bouger le gouvernement en 2020. Je pense aussi aux RI-RTF qui se retroussent les manches pour la négociation à venir. Même chose dans le secteur préhospitalier et pour les répondant-es médicaux d’urgence (RMU) qui se préparent pour une négociation coordonnée, ou encore dans les centres d’hébergement privés, où les conditions de travail déplorables mettent une pression forte pour améliorer les choses. De nombreux organismes communautaires se mobilisent pour améliorer leurs conditions de travail, tout comme des organismes comme Héma-Québec.
Les négociations sont un moment clé pour user de notre rapport de force et améliorer notre travail et les services. La prochaine année comportera son lot d’actions et d’avancées j’en suis persuadé.
2020 : ouvrir grande la porte pour notre reconnaissance
En 2020, il y a plusieurs perspectives sur lesquelles concentrer nos énergies. Notre détermination nous a permis de créer un espace favorable pour obtenir des gains et préparer le terrain pour avancer. On doit maintenant faire ce qu’il faut pour ouvrir grande la porte et s’assurer que nos solutions se matérialisent.
C’est le cas de nos batailles pour améliorer nos conditions de travail et salariales, mais aussi de luttes sociales incontournables. Pensons à la lutte contre les changements climatiques, où la jeunesse continuera d’ébranler les colonnes du temple pour forcer nos dirigeants à se déniaiser face à l’urgence climatique. On peut aussi penser à l’instauration d’une assurance médicaments 100 % publique. C’est à notre portée ! On peut espérer que le gouvernement fédéral s’y mette et nous devrons convaincre le gouvernement Legault d’aller de l’avant pour nous faire économiser sur le coût des médicaments.
Quand on commence à gagner, on y prend goût. J’ai bien hâte qu’on s’y remette en 2020 ! D’ici là, je souhaite à l’ensemble des membres de la FSSS-CSN une excellente période des Fêtes et un repos plus que mérité.
Jeff Begley, président de la FSSS-CSN