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    • 07 FÉV 20
    Mettre la gestionnite derrière nous pour redonner du sens à notre travail

    Comment redonner du sens à notre travail dans le réseau de la santé et des services sociaux ? Comment notre travail et le réseau devraient être organisés pour nous donner le goût de rentrer au boulot le matin et ne pas partir complètement brûlés le soir ?

    Dans les derniers mois, on constate que de plus en plus d’employeurs et le gouvernement sont forcés d’admettre que ça ne tourne pas rond dans le réseau. C’est déjà un bon pas par rapport à la gestion autoritaire de Gaétan Barrette. Mais ça ne suffira pas pour mettre fin à notre surcharge et à notre épuisement. Revenons ensemble sur notre réalité pour mieux analyser nos solutions pour améliorer les choses.

    Une gestionnite centralisée complètement déconnectée

    Chaque fois que nous sondons les travailleuses et travailleurs du réseau, un des problèmes principaux qu’ils identifient est les problèmes de gestion. C’est un élément récurrent qui est identifié comme faisant partie des plus grands problèmes vécus au quotidien par le personnel. Ce n’est pas rien !

    Mais quand on pense à tout ce que nous avons subi comme réforme de structures dans les dernières années, ce n’est pas surprenant. La création des méga-établissements a entraîné une centralisation de la gestion à un niveau jamais vu. Et selon l’ancien gouvernement, c’était supposé améliorer la gestion et mener à des économies. La réalité est tout autre.

    Sur le terrain, les délais de réponses aux problèmes sont tellement longs que ce qui est simple à prévenir ou régler se complexifie et se perd dans la machine ingérable des CISSS et CIUSSS. La main gauche ne sait pas ce que fait la main droite. Les gestionnaires n’ont plus de mandat et ne savent pas sur quel pied danser. Personne ne semble se parler dans ces établissements inhumains. Et quand le syndicat essaie d’en savoir plus et d’avoir en main les données pour aider le personnel, il fait face à un manque de transparence abyssal.

    On voit bien que même lorsque les gestionnaires de proximité veulent améliorer les choses, ils n’ont pas de marge de manœuvre. Si aucun changement drastique n’est fait, nous n’arriverons pas à améliorer les choses.

    Et on continuera de voir croître les problèmes de surcharge généralisés dans tous les secteurs d’activité et une organisation des services chaotique où une chatte en perdrait ses petits. Donnons seulement un exemple. La commission sur les DPJ suit son cours depuis plusieurs semaines. On constate à quel point les services sociaux ont été laissés de côté dans la réforme Barrette. Et le résultat, c’est que des centaines de jeunes vulnérables sont touchés et que le personnel des centres jeunesse est débordé.

    Nos solutions pour une meilleure gestion et organisation de notre travail

    Plus le temps passe et plus de travailleuses et travailleurs songent à quitter le réseau. Ils sont surchargés, n’ont plus d’autonomie et ne voient pas la lumière au bout du tunnel.

    Pourtant, des solutions existent. Ce qu’il faut, c’est mettre fin au fantasme de la gestion centralisée inspirée des entreprises privées qui s’immisce dans l’esprit de nos gestionnaires et de nos gouvernements. Ce n’est pas compliqué : ça ne marche pas ! On peut encore passer des années à laisser des gestionnaires vouloir tout contrôler et rattraper leurs erreurs avec d’autres méthodes d’optimisation à la Lean, mais le résultat restera le même.

    Ce que ça prend pour que ça aille mieux, c’est de faire confiance à celles et ceux qui sont sur le terrain. Il faut développer des petites équipes de travail autonomes où les compétences de chacune sont mises de l’avant. Il faut redonner de l’autonomie au personnel et mettre les ressources sur le terrain. Et il faudra aussi plus tôt que tard que le gouvernement ait le courage d’admettre que la réforme Barrette est un échec et qu’il faut revoir l’organisation de notre réseau pour décentraliser nos structures.

    Je me rappelle d’une époque pas si lointaine où travailler dans le réseau était stimulant parce qu’on avait de l’espace pour faire ce qu’on aime faire : soigner la population. C’est vers cela qu’il faut retourner et pour ça il faut une décentralisation rapide et le développement de petites équipes de travail interdisciplinaires.

    Nadine Lambert