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    • 06 FÉV 20
    Qu’est-ce qu’on doit attendre du budget 2020 ?

    Le gouvernement Legault déposera son budget le 10 mars prochain. Que doit-on en attendre ? La CAQ saisira-t-elle l’occasion de prendre les moyens nécessaires pour mettre fin à la crise dans le réseau de la santé et des services sociaux et dans le réseau des services de garde éducatifs ? Ou choisiront-ils de continuer de nous épuiser ?

    Du changement de ton aux actions concrètes

    Le premier budget d’un nouveau gouvernement cherche à répondre le plus possible aux promesses faites lors de la campagne électorale qu’il a gagné. Le deuxième budget donne souvent beaucoup plus d’indications sur les réelles intentions du gouvernement.

    Le budget 2020 du Québec s’en vient. Le ministre des Finances multiplie les rencontres de « consultation » avec les acteurs économiques. D’ailleurs, le ministre a même réservé une de ces périodes de consultation pour rencontrer les centrales syndicales. Dans la santé et les services sociaux et dans les services de garde éducatifs, le ton du ministre des Finances se démarque beaucoup de celui de son prédécesseur. Le ton est plus inclusif. On donne l’impression de vouloir entendre tout le monde. À cette étape, je ne présume pas du contraire. Cependant, comme on voit dans les autres domaines, il ne suffit pas de changer de ton. Il faut des gestes concrets et tangibles pour changer de cap d’un séjour désastreux du PLQ au gouvernail du Québec.

    Il y a des indications incertaines sur les intentions gouvernementales de réduire les impôts. Cependant, le premier ministre Legault semble dire que ce n’est pas pour cette fois-ci. Espérons qu’il soit déterminé à maintenir cette position, surtout face au lobby patronal qui continuera de faire pression sur lui pour couper nos revenus collectifs et nous maintenir dans la logique de l’austérité permanente.

    D’ailleurs, nous tenons une consultation cette semaine pour savoir ce que les travailleuses et travailleurs veulent voir dans le budget 2020. Je vous invite à prendre deux minutes pour répondre à la question de la semaine sur les priorités que le gouvernement devrait avoir en tête pour le budget 2020.

    C’est le temps de redonner le goût aux gens de travailler dans le réseau

    Les gouvernements libéraux ont tellement fragilisé les services publics de notre société. La conséquence, c’est que les réseaux sont en train de craquer un peu partout. Avant l’arrivée de Jean Charest au pouvoir en 2003, travailler dans les domaines de la santé, des services sociaux, des services de garde et en éducation était quelque chose de convoiter par le monde qui avait envie de faire ce travail important et d’aider la population. Depuis les réformes successives du PLQ et les coupes draconiennes dans nos services publics, l’attrait pour ce travail a diminué radicalement, tout comme le niveau de services pour la population.

    Sur la question des baisses d’impôts, je peux comprendre que certains pourraient être tentés de croire que ce serait une bonne idée. Bien des travailleuses et travailleurs ont du mal à arriver et voient d’un bon œil le faire d’avoir plus d’argent dans leur poche. Mais je pense qu’il faut être en mesure de voir quand plus d’argent dans nos poches est en réalité moins d’argent dans nos poches. (Je sais, vous vous demandez si je parle toujours français en lisant cette dernière phrase). Je m’explique.

    D’abord, des baisses d’impôts auront un effet pas mal moins important dans les poches des travailleuses et travailleurs que dans celles des riches. Et à cela s’ajoute l’aspect le plus important : couper nos impôts, ça veut dire se priver de revenus pour nos services publics. Ça veut dire se priver des moyens pour améliorer les choses dans nos réseaux, pour freiner notre surcharge et pour améliorer les services à la population.

    Pour mettre fin à la crise dans nos réseaux, il faut mettre derrière nous cette idée de baisses d’impôts qui nous ramènerait nécessairement à l’austérité. Il faut plutôt profiter des surplus et aller chercher de nouveaux revenus là où il y a de l’argent pour enfin réinvestir. C’est ce qu’il nous faut pour qu’enfin nos réseaux redeviennent des secteurs attractifs.

    Jeff Begley