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    • 11 MAR 11
    Claudette Carbonneau ne sollicitera pas un nouveau mandat à la présidence de la CSN

    C’est avec beaucoup d’émotion que la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, a annoncé, cet après-midi, qu’elle ne sera pas candidate aux prochaines élections du comité exécutif lors du congrès de la centrale syndicale qui se tiendra en mai prochain. Après 35 ans de militantisme, dont vingt ans à la direction de la CSN et 9 comme présidente, Claudette Carbonneau a lu au conseil confédéral le texte que voici pour expliquer son choix de partir :

    « C’est avec beaucoup d’émotion, mais aussi de sérénité que je vous annonce que je ne solliciterai pas un nouveau mandat à la présidence de la CSN. J’ai longuement mûri ma décision.

    Durant la dernière année, plusieurs d’entre vous m’ont abordée sur mes intentions quant à un renouvellement de mandat. Sachant que le temps passant, l’heure viendrait bien un jour où je pourrais en toute légitimité invoquer des choix plus personnels. Merci pour cette confiance que vous m’avez toujours accordée. Je sais que la semaine dernière, certains d’entre vous s’étaient même convaincus que, parce que je n’ai jamais refusé de monter au front lorsque nécessaire, je ne partirais pas. Je sais, je sais, que je ne pourrai jamais empêcher certains de juger de ma décision à l’aulne du seul étalon du conflit au Journal de Montréal alors qu’au fond mon cheminement est tout simple.

    Lorsque vous comptez 35 ans de vie professionnelle et militante à la CSN ! Lorsque 20 de ces années l’ont été au sein du comité exécutif de la CSN !

    Lorsque depuis 9 ans mes énergies ont été consacrées à assumer la plus haute fonction politique dans notre organisation ! Lorsqu’avec mes camarades du comité exécutif nous portons la lourde responsabilité de défendre les droits des 300 000 membres de la CSN !

    Lorsqu’il me revient quotidiennement d’assurer la représentation des intérêts des 2000 syndicats de tous les secteurs et de toutes les régions !

    Lorsque dans le processus de préparation d’un congrès vous avez la tête pleine d’une myriade de préoccupations et d’autant d’espoirs de voir progresser les orientations et les idéaux de la CSN Croyez-moi, la décision de solliciter ou non un autre mandat ne peut pas reposer sur un seul dossier !

    D’autres présidents de la CSN ont d’ailleurs été à la barre de la centrale alors que de durs conflits sévissaient. Gérard Picard et Jean Marchand avec la grève de l’amiante, Marcel Pepin avec Les gars de Lapalme et Gérald Larose avec le Manoir Richelieu en sont de bons exemples. Cependant, ces dures périodes sont survenues alors qu’ils étaient plutôt à mi-mandat. Ce n’est pas mon cas.

    S’il y a distorsion dans les perceptions, cela repose davantage, je crois, sur le fait que le dénouement d’un long conflit, indéniablement marquant pour le mouvement, et les préparatifs de notre prochain congrès se sont croisés dans un même espace de temps.

    Soyez-en certains, ma décision n’est ni brusque ni précipitée par les événements.

    Renouveler un mandat, c’est assumer le rôle de chef de file pour les trois prochaines années. Cette lourde responsabilité commande un engagement indéfectible et un investissement personnel de tous les instants.

    C’est en ayant à l’esprit ces perspectives que j’ai mené cette réflexion en faisant le plus honnêtement possible cette évaluation dans le meilleur intérêt du mouvement.

    Je crois à cet égard que les militantes et militants de la CSN sont en droit de s’attendre à une évaluation franche et sans équivoque de la part des personnes qui sollicitent le privilège de les représenter pendant 3 ans.

    Viens donc un moment où il est temps de céder sa place et pour moi ce moment est arrivé. J’entends bien me gâter en gâtant à mon tour mes deux adorables petits-enfants.

    Pendant toutes ces années, c’est ensemble que nous avons soutenu les luttes et livré bien des batailles : les négociations dans le secteur public, le soutien aux secteurs industriels en difficulté, la promotion du développement durable, la défense des services publics, la mise sur pied du réseau des CPE, la réalisation de l’équité salariale, la revendication de finances publiques équitables, la reconnaissance syndicale des RSG et des RI-RTF, l’obtention d’un régime québécois d’assurance parentale, le développement du syndicalisme international et nous pourrions continuer ainsi longuement. Après avoir ébranlé les colonnes du temple en 2002, je crois avoir donné le meilleur de moi-même.

    Avec la crise économique mondiale et la pensée convergente de toutes les droites qui visent le démantèlement de l’État social, le mouvement syndical doit relever de nouveaux défis. En mai, lors de notre congrès, il nous faudra, comme je l’ai toujours prôné, continuer de pratiquer un syndicalisme de propositions pour faire avancer les débats dans la société.

    Ëtre à la présidence de la CSN, c’est un immense privilège. Celui de représenter des gens de cœur, de courage et de détermination. Celui de contribuer à améliorer le quotidien de milliers de travailleuses et …de travailleurs et de faire sa part pour faire avancer la société.

    Dans quelques semaines, après le 63e Congrès, je tournerai une page importante de ma vie. Le processus démocratique décidera de la suite des choses. D’autres reprendront le collier. La CSN continuera et elle n’est pas dépourvue, loin de là. J’ai toujours conçu le syndicalisme comme une course à relais.

    En attendant, nous nous donnons un dernier grand rendez-vous en mai. Est-il besoin de dire que j’entends bien compléter mon mandat avec tout l’engagement et la détermination qui m’animent.

    Merci à mes camarades du comité exécutif, à tout le collectif du comité exécutif. Merci aussi à toutes les équipes avec lesquelles j’ai travaillé. »,

    Claudette Carbonneau, présidente de la CSN

    Source : CSN