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    • 27 AOÛT 18
    Le syndicat CSN du CIUSSS de la Capitale-Nationale dénonce des pratiques inacceptables

    Des pratiques absolument inacceptables ont été portées à l’attention du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du CIUSSS de la Capitale-Nationale (CSN). Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, des salariés sont victimes de harcèlement, d’intimidation et d’abus de pouvoir de la part de gestionnaires du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Capitale-Nationale (CIUSSS-CN). Le syndicat a déposé un grief, le jeudi 23 août dernier, et dénonce aujourd’hui, sur la place publique, cette situation qui empoisonne les lieux de travail avant que ces pratiques ne se généralisent davantage.

    « Le réseau de la santé et des services sociaux est sous pression : il manque de ressources, il manque de personnel, les gens sont fatigués, la situation est connue », explique Richard Boissinot, président du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du CIUSSS de la Capitale-Nationale (CSN), « mais là on en rajoute : on porte à notre connaissance des pratiques inacceptables qui doivent absolument être dénoncées avant qu’elles ne se généralisent ».

    Abus de pouvoir et intimidation

    « Des cas très précis d’abus se sont produits cet été » révèle Richard Boissinot, « par exemple, au centre d’hébergement St-Augustin, les gestionnaires ont rencontré les employé-es et leur ont dit que s’ils recevaient un appel pendant un congé ou pendant leur fin de semaine de repos, ils étaient obligés de rentrer au travail sous peine de mesures disciplinaires ». Le comble a toutefois été atteint le 22 mai dernier, à Saint-Brigid’s Home, quand des cadres ont carrément fait barrer les portes pour empêcher les préposés aux bénéficiaires présents de partir à la fin de leur quart de travail. Les gestionnaires affirmaient qu’une personne devait absolument demeurer pour la soirée et qu’ils ne pourraient pas partir tant qu’ils n’auraient pas choisi qui devait rester.

    Non contents de faire dans l’abus de pouvoir, certains cadres tombent dans l’intimidation. Ainsi, récemment, un cadre de garde du Jeffrey-Hale a menacé les employé-es d’avoir recours à la police pour ainsi forcer une personne à demeurer à la fin de son quart de travail. Selon ce cadre, refuser du temps supplémentaire équivaut à de l’insubordination.

    Harcèlement

    « Au quotidien, les employé-es subissent énormément de pression pour rentrer au travail et ne pas s’absenter, mais certains cadres poussent la note encore plus loin et exigent que les gens se présentent malgré leur maladie » indique Richard Boissinot. « Par exemple, une gestionnaire a fait rentrer au travail un de nos membres alors qu’il était fiévreux, c’est l’infirmière de garde qui l’a renvoyé chez lui. La cadre voulait lui faire prendre sa température rectale pour être bien certaine qu’il était malade ». Pour éviter de manquer de personnel, certains cadres sont prêts à prendre des risques de contamination.

    Dépôts de griefs

    « Après examen de la situation, nous avons décidé la semaine dernière de déposer un grief général », dévoile Gilles Lévesque, coordonnateur responsable des griefs du syndicat, « notre but est de dénoncer la situation et empêcher que ces pratiques ne se généralisent ». Le coordonnateur indique que des griefs individuels ont été également déposés pour dénoncer des cas spécifiques d’abus.

    La pointe de l’iceberg

    « Les situations que le syndicat dénonce aujourd’hui sont graves, mais elles ne sont que la pointe de l’iceberg », dénonce Lucie Langlois, vice-présidente régionale de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN). « Le réseau de la santé et des services sociaux est à la dérive et ce sont les employé-es et la population qui en souffrent ». Un sondage réalisé auprès de 13 000 travailleuses et travailleurs du réseau dévoilait, la semaine dernière, des chiffres inquiétants. « 52 % des employé-es indiquent que les problèmes de gestion sont leur problème principal, 42 % la pression au travail, la majorité des répondantes et répondants indiquent vivre un niveau de stress élevé » rappelle Lucie Langlois.

    Des solutions

    Pour Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN), il est urgent de trouver des solutions aux problèmes que vivent les salariés. « Des solutions, il y en a, les gens en ont, le syndicat en a, mais les gestionnaires n’en font qu’à leur tête à tous les échelons », dénonce la présidente. « La première chose à faire, c’est de changer la philosophie de gestion et respecter les personnes salariées. On se plaint d’une situation de pénurie dans le réseau de la santé et des services sociaux, mais agissons intelligemment. Pensez-vous que les personnes ont le gout de s’investir dans le réseau et être traitées ainsi ? Même les gens ayant vingt ou trente d’ans d’ancienneté quittent leur emploi avec amertume et ce n’est pas pour aller à la retraite, mais pour changer de secteur d’activité. Ils ne sont plus capables de supporter de tels comportements, et avec raison, c’est indécent ! Il y a eu beaucoup trop de compressions et une hypercentralisation dans le réseau. Il est grand temps de revenir à une échelle humaine et réinvestir massivement. Mais ça, c’est politique et ça tombe bien, on est en campagne électorale », conclut madame Gingras.