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    • 03 NOV 16
    Du déni de services au droit à la dignité : l’urgence d’améliorer les soins aux ainé-es

    « Respect dû à une personne ». C’est la définition du mot dignité dans le dictionnaire Larousse. Au cours des dernières années, la situation des personnes aînées dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) a fait les manchettes à plus d’une reprise, trop souvent pour de mauvaises raisons.

    Dans cette foulée médiatique, le 19 septembre dernier, le ministre de la Santé et des Services sociaux, monsieur Gaétan Barrette, la ministre responsable des Aînés et de la lutte contre l’intimidation, madame Francine Charbonneau, ainsi que l’adjointe parlementaire du ministre de la Santé et des Services sociaux et députée de Crémazie, madame Marie Montpetit, annonçaient la mise en œuvre d’une démarche visant à améliorer l’organisation des soins et des services offerts aux aîné-es en CHSLD et dans les soins à domicile. Cette démarche consiste notamment en des visites qui visent tant les établissements publics que privés. L’objectif principal de cette démarche est de répertorier les meilleures pratiques dans le réseau.

    Que peut-on penser de cette démarche? Reflète-t-elle une réelle intention d’améliorer l’organisation des soins et des services et la volonté de mettre en place des mesures concrètes à l’atteinte des objectifs? Ou encore est-ce davantage une démarche de relations publiques qui permet au gouvernement de redorer son image sur la question des soins aux aîné-es?

    Faire entendre la voix du personnel et des aîné-es

    Comme organisation, nous avons décidé de participer à cette démarche. Il est de notre devoir et de notre responsabilité de faire valoir nos positions et nos points de vue sur les objectifs à atteindre pour améliorer les soins aux aîné-es et le quotidien au travail du personnel. Mais nous participons aussi pour nous assurer que si la démarche n’est qu’une mascarade politique, nous ayons le plus d’informations en main pour dénoncer vigoureusement.

    Existent-ils des solutions pour améliorer les soins aux aîné-es au Québec? Je réponds par l’affirmative! Je vous énumère quelques références qui à mon humble avis sont des solutions concrètes connues qui permettraient de répondre aux besoins des aîné-es.

    Plusieurs documents ont ciblé les éléments à prioriser pour améliorer la situation. Citons par exemple les orientations ministérielles sur les services offerts aux personnes âgées en perte d’autonomie de 2001; les orientations ministérielles sur « un milieu de vie de qualité pour les personnes hébergées en CHSLD » de 2003; le plan d’action 2005-2010 sur les services aux aînés en perte d’autonomie appelé « un défi de solidarité », et les observations et recommandations de la commission de la santé et des services sociaux sur les conditions de vie des adultes hébergés en centre d’hébergement et de soins de longue durée de juin 2016.

    À la lecture de ces documents, nous sommes en mesure de constater et d’affirmer que les solutions existent. À mon humble avis, deux éléments sont un frein à leur mise en place : le problème de financement lié notamment aux compressions budgétaires des dernières années et l’absence d’une réelle volonté politique.

    Un déni de services pour les aîné-es

    Dans son rapport de septembre 2016, la Protectrice du citoyen dénonçait avec force les manquements à la qualité des services offerts par l’État québécois, allant jusqu’à parler d’un déni de services.

    Dans l’actuelle démarche ministérielle, l’objectif est de répertorier les meilleures pratiques. Mais encore faut-il établir ensemble la définition de ce qu’on entend par « meilleure pratique », sans quoi nous risquons d’assister encore une fois à un nivelage vers le bas des soins aux aîné-es.

    Si c’est l’idée derrière la tête du ministre Barrette, il aura à porter le poids de n’avoir pas mis en place les solutions à portée de main pour offrir des soins dignes aux ainé-es.

    Le gouvernement Couillard a déposé le projet de loi 115 visant à lutter contre la maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité. Sur le fond, nous sommes tous d’accord sur le principe. Par contre, les politiques, orientations et décisions de ce gouvernement n’ont certainement rien fait pour réduire les cas de maltraitance envers les plus vulnérables de la société.

    Et que dire du maigre réinvestissement annoncé récemment par le gouvernement dans les soins aux aîné-es, sinon qu’il favorise le développement d’un marché privé plutôt que de consolider l’offre de soins dans les services publics. Les sommes sont nettement insuffisantes pour permettre d’instaurer les solutions nécessaires.

    En tout respect de la dignité des personnes vulnérables, pour les citoyennes et citoyens qui ont besoin des services de l’État, il est plus que temps d’agir. Les solutions sont connues depuis plusieurs années. Il s’agit maintenant d’avoir une réelle volonté politique pour les mettre en place.

    Guy Laurion