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    • 27 OCT 16
    Improvisation en santé et services sociaux

    Une catastrophe évitée grâce aux salarié-es du réseau de la santé et des services sociaux

    Depuis son arrivée à la tête du ministère de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette multiplie les bouleversements sans égard aux réalités vécues sur le terrain par les salarié-es. Les salarié-es subissent ces chamboulements et sont constamment placés devant des faits accomplis, sans aucune consultation. Leur professionnalisme permet de limiter les effets néfastes des ruptures de services pour la population car ils ont une préoccupation constante envers les véritables besoins des usagères et des usagers. Mais, alors qu’ils sont de plus en plus nombreux à tomber au combat, par épuisement, et de plus en plus démotivés face à une gestion plus que jamais éloignée des services, l’improvisation du ministre Barrette risque de se faire de plus en plus lourde de conséquences pour toute la population. Dans le secteur préhospitalier, l’improvisation du Dr Barrette pourrait même mener au déclenchement d’une grève générale.

    « Le portrait qui se dégage à la lecture des derniers rapports de la Protectrice du citoyen et du Commissaire à la santé et au bien-être, c’est que toutes les craintes que nous avions formulées à l’adoption du projet de loi 10 sont en train de se matérialiser, a dénoncé le vice-président de la CSN, Jean Lacharité, à l’occasion d’une manifestation en marge du congrès de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN). L’accès aux services s’est dégradé, il y a moins de démocratie dans notre réseau, on empiète toujours davantage sur l’autonomie professionnelle des salarié-es. Les lieux de décision s’éloignent sans cesse des services et celles et ceux qui détiennent l’expertise et qui donnent les services au quotidien ont de plus en plus de mal à se faire entendre ».

    D’autres réformes engagées en parallèle à la création des structures mammouths sèment l’émoi dans le réseau. Elles sont imposées par le sommet de la pyramide sans aucun égard aux préoccupations des salarié-es et de la population. Pensons au transfert de ressources publiques vers les Groupes de médecine de famille (GMF), des entités privées. Qu’adviendra-t-il des services psychosociaux pour les personnes les plus vulnérables ? Comment la continuité des services sera-t-elle assurée ? Pourquoi le ministre croit-il que placer les professionnel-les sous l’autorité fonctionnelle des médecins est préférable au travail en équipe multidisciplinaire comme c’est le cas actuellement ? Pensons à la centralisation des laboratoires (plan Optilab). A-t-on pris en compte les conséquences de la perte d’expertise dans les régions ? Comment la fiabilité et la qualité des échantillons et prélèvement seront-elles assurées durant le transport sur de très longues distances ? À toutes ces questions, et bien d’autres, même les directions des établissements n’ont pas de réponse satisfaisante.

    « L’improvisation est en voie de devenir la marque de commerce du Dr Barrette, dénonce la présidente du Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches CSN, Ann Gingras. Toutes sortes de transferts de services et donc de personnel sont annoncés aux salarié-es, avec des dates butoirs, et souvent en contradiction flagrante des règles prévues aux conventions collectives. Lorsqu’ils interpellent leurs gestionnaires, les syndicats s’aperçoivent que même eux ne savent pas comment, concrètement cela va s’opérer. C’est d’autant plus préoccupant que nous sommes, depuis plusieurs années, en mode solution. Nous ne voulons pas l’affrontement ; nous voulons participer concrètement à polir ce joyau qu’est notre système public mais le ministre Barrette nous claque la porte au visage. Il ne cherche pas les meilleures solutions, il veut imposer son agenda à tout le monde. Le professionnalisme des salarié-es ne pourra masquer éternellement les graves lacunes de l’improvisation du Dr Barrette ».

    Préhospitalier

    En avril dernier, l’improvisation Barrette s’étendait jusqu’au secteur préhospitalier d’urgence. Après 11 rencontres de négociations pour le renouvellement des conventions collectives du personnel, notamment les paramédics, le ministre Barrette lançait un autre pavé dans la mare en prétendant se retirer complètement des négociations pour en confier entièrement la responsabilité aux entreprises du secteur. Or celles-ci n’ont pas de mandats véritables pour parler au nom du ministère et, par conséquent, les négociations sont bloquées : les 3600 syndiqué-es CSN du secteur recherchent maintenant un mandat de grève pour faire avancer leurs revendications dont plusieurs visent à améliorer les services à la population, notamment le temps de réponse aux appels d’urgence.