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    • 25 FÉV 19
    Diagnostics et IPS : se donner les moyens de réellement reconnaître les compétences du personnel

    Goliath a finalement flanché. Le Collège des médecins reconnaitra les compétences des infirmières praticiennes spécialisées (IPS) pour poser des diagnostics. C’est une victoire pour les services aux patient-es, mais aussi pour la reconnaissance des professionnel-les en soins.

    Et il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin. Poussons le gouvernement à faire ce qu’il faut pour que les employeurs reconnaissent les compétences des infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et de l’ensemble du personnel du réseau. Mais pour que tout cela puisse se concrétiser en amélioration des soins, cela va nécessiter de mettre fin à l’austérité en santé.

     

    Aller plus loin pour la reconnaissance des professionnel-les en soins

    C’est pourtant loin d’être ce que propose pour l’instant le gouvernement Legault. En effet, lors du dévoilement de son plan en santé, la nouvelle ministre McCann a pris la peine de bien mettre au clair qu’aucune somme supplémentaire ne serait octroyée afin de faciliter la réalisation du plan de la CAQ. Au contraire, les seuls dépassements prévus seront liés au changement dans la rémunération des médecins.

    Rien de prévu donc pour appuyer les nouvelles IPS, leur installation dans de nouvelles structures ou celles en place. Rien non plus pour remplacer les 1600 infirmières de plus qui quitteront les départements pour les tâches d’IPS, afin d’atteindre le nombre recherché de 2000 IPS en 2024. Avec la pénurie de personnel actuel, il n’est pas dit qu’il sera si facile de former les IPS dont nous avons besoin. D’autant plus que cela fait plus de 10 ans que nous entendons des annonces à ce sujet.

    Rien pour les inhalothérapeutes qui peinent à faire reconnaître l’importance de leur rôle et la valeur des tâches qui leur incombent. Rien pour revaloriser le rôle crucial de l’infirmière auxiliaire et l’utiliser à son plein potentiel pour libérer une marche de manœuvre pour que les infirmières puissent se concentrer sur leurs tâches. Rien pour qu’elles puissent accomplir elles aussi l’ensemble des fonctions pour lesquelles elles furent formées.

     

    Un regard global pour améliorer les choses

    Les agentes administratives, les préposé-es aux bénéficiaires et tous les autres employé-es continuent d’être considérés comme des maillons superflus de la chaîne des soins par trop d’employeurs. Pourtant, leur surcharge de travail n’est plus à illustrer et cela a un effet sur les soins ! Le fardeau de leurs tâches vient ajouter une surcharge de plus aux professionnelles en soins qui, selon les dernières études de l’OIIQ, passaient près de la moitié de leur temps de travail sur des tâches pouvant être accomplies par un autre titre d’emploi.

    Si nous n’avons pas une analyse globale de la situation du réseau, nous n’y arriverons tout simplement pas. C’est pourquoi il va falloir plus que s’occuper d’un titre d’emploi en particulier, mais bien mettre en place des mesures porteuses pour tout le personnel. C’est la seule manière de réussir à améliorer les services à la population et de mettre fin à la détresse du personnel.

     

    L’urgence de réinvestir

    Bien sûr, nous ne pouvons que nous réjouir de l’ouverture accordée au IPS. Cela fait des années que nous sommes en demande pour qu’on reconnaissance leur importance dans le réseau. C’est une bonne chose de fait.

    Mais sans réinvestissement, cela restera des vœux pieux qui n’amélioreront pas la qualité des soins et la qualité de vie du personnel qui tient le réseau de la santé et des services sociaux à bout de bras… mais pour combien de temps encore.

    Félix-Olivier Bonneville, représentant des professionnel-les en soins à la FSSS-CSN, et Nadine Lambert, infirmière et secrétaire générale-trésorière de la FSSS-CSN