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    • 04 AVR 19
    Maternelle 4 ans : Le gouvernement continue d’improviser

    Avec la pénurie actuelle d’enseignantes, d’enseignants et de professionnel-les, on ne sait toujours pas qui pourra occuper les deux postes requis pour chaque classe de maternelle 4 ans. Le poste à mi-temps pour accompagner l’enseignante ou l’enseignant sera-t-il occupé par des éducatrices, des techniciennes en éducation spécialisée ou par un autre type de professionnel? Dans tous les cas, il risque de manquer de personnel.

    « Le ministre Roberge doit improviser au gré des pressions populaires et des problèmes qui surgissent », affirme Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN, qui rappelle que le ministre a récemment évoqué l’idée d’embaucher des éducatrices en CPE pour combler le manque anticipé d’enseignante pour la maternelle 4 ans.

    On signale par ailleurs un nombre d’inscriptions aux maternelles 4 ans plus bas que prévu, ce qui fera en sorte d’augmenter les coûts puisqu’il faudra quand même embaucher une enseignante et une éducatrice à mi-temps pour chaque classe.

    Pas d’impact

    La prémisse de base du gouvernement est que les maternelles 4 ans apporteraient une plus-value pour la scolarisation des enfants. Or, rien n’est moins sûr. Selon la chercheure Christa Japel de l’Université de Montréal, dans une étude réalisée au Québec et publiée en 2017, les maternelles 4 ans « ont très peu d’effet sur la préparation à l’école et, ainsi, ne réduisent pas de façon significative l’effet des conditions sociodémographiques des enfants sur leur préparation à l’école. »

    En fait, le pédiatre de Sainte-Justine, Jean-François Chicoine, estime que les enfants les plus fragiles, qui ont des problématiques affectives, ont besoin d’un milieu plus « apaisant » avec un « référent » plus accessible, comme dans un service de garde éducatif. « Si l’enfant n’est pas capable de faire quelque chose, il faut lui dire en s’agenouillant, en le regardant dans les yeux : “je vais t’aider.” Et pour faire ça, ça prend une relation d’un individu à un autre. Un bon rapport entre l’éducatrice et l’enfant », a expliqué Jean-François Chicoine en entrevue avec le journal de la CSN.

     Des solutions

    « Depuis le début, ce qu’il faut, c’est compléter l’offre de places en CPE et en milieu familial régi et subventionné pour pouvoir offrir un service de qualité aux enfants de 0 à 5 ans, partout au Québec », insiste Lucie Longchamps, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).

    Il manque encore aujourd’hui des places en CPE et chez les responsables en services de garde (RSG) dans certaines régions du Québec. Les parents n’ont donc pas vraiment de choix.

    Dans le dernier budget du Québec, on voit qu’il faudra attendre 2022-2023 pour obtenir la fin de la contribution additionnelle pour la garde d’enfants, ce que la CAQ avait dénoncé sous le vocable de la « taxe famille ». Pour mieux respecter le choix des parents, la CSN demande au gouvernement d’aller beaucoup plus vite pour respecter sa promesse et rétablir le tarif unique. « Pourquoi ne pas éliminer la taxe famille dès l’an prochain? », suggère Véronique De Sève.

    La CSN propose aussi de mettre fin au crédit d’impôt pour les services de garde non régis et pour les garderies non subventionnées. Les services de garde privés en milieu familial ne devraient pas être financés par les fonds publics. Le crédit d’impôt accordé pour les services de garde vient démontrer que ce sont tous les Québécois qui financent ce service de garde alors que l’encadrement y est minimaliste. Si le gouvernement est sérieux dans sa volonté d’améliorer le sort de la petite enfance, il doit prendre tous les moyens pour favoriser les services de garde éducatifs encadrés.