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    • 27 AOÛT 12
    MQRP pose dix questions aux partis politiques

    En cette campagne électorale où la santé occupe une place importante, Médecins québécois pour le régime public (MQRP) croit que 10 actions cruciales doivent être prises au cours d’un prochain mandat pour protéger adéquatement le caractère public de notre système de santé.

    Comme vous le savez, MQRP est une organisation de médecins voués à la défense et à l’amélioration du système public de santé. Nous nous inquiétons donc de sa privatisation grandissante, qui risque de miner les valeurs d’universalité, d’équité et de gratuité d’accès sur lesquelles il a pourtant été fondé.

    Les années 90 furent celles d’une privatisation passive, qui a compromis l’accès des patients aux soins: d’abord, par des coupures visant l’atteinte du déficit zéro, ayant entrainé un sous-financement des services publics; ensuite par des mises à la retraite et une détérioration consécutive des conditions de travail, contribuant à la pénurie de personnel; enfin, par un virage ambulatoire insuffisamment compensé par le financement public pour les services prodigués hors de l’hôpital.

    Ensuite, la mise sur pied d’un régime provincial d’assurance-médicaments hybride et la réaction gouvernementale au jugement Chaoulli ont ouvert le marché de la santé pour l’assurance et la prestation privées: les lois 33 et 34 ont notamment permis la création de centres médicaux spécialisés (CMS) à investisseurs privés, essentiellement financés par les fonds publics, et la sous- traitance accrue vers le privé a entraîné une augmentation des dépenses et un détournement des fonds publics, dont bénéficient dorénavant les agences privées de personnel, l’industrie pharmaceutique, les médecins entrepreneurs et les entreprises engagées dans les partenariats public-privé.

    Ce transfert grandissant de ressources financières et humaines du système public vers le privé est inacceptable et compromet la santé et les droits d’accès aux soins de la population québécoise. Nos patients, pris en otage par un système qui se privatise, contribuent financièrement davantage aux soins (taxe santé et frais accessoires illégaux) et sont de plus en plus confrontés au choix d’attendre ou de payer pour avoir un accès rapide à des soins privés: services à domicile, résidences privées, professionnels de la santé en pratique privée, imagerie médicale en clinique privée, services paramédicaux tels psychologues, nutritionnistes, etc.

    Un changement de gouvernement peut toutefois être l’occasion de renverser la vapeur. Connaissant votre sensibilité sur ces questions, nous vous demandons de vous engager publiquement à réaliser les 10 actions suivantes au cours d’un prochain mandat, le cas échéant:

    1. Couvrir publiquement tous les soins médicalement nécessaires en éliminant l’exclusion des interventions diagnostiques réalisées hors de l’hôpital: échographie, SCAN et résonance magnétique.
    2. Rétablir la gratuité des services médicalement nécessaires en abolissant les frais accessoires et en appliquant rigoureusement l’interdiction de la surfacturation.
    3. Réaffirmer l’interdiction de la pratique mixte privée-publique des médecins et de la collaboration au sein d’un même centre médical spécialisé de médecins participants et non participants puis l’étendre aux cabinets de médecins.
    4. Stopper le désengagement des médecins en limitant les honoraires perçus aux montants négociés pour les médecins participants et en l’interdisant au besoin, lorsque la situation le justifie, dans les régions où l’accessibilité aux services médicaux est compromise.
    5. Bloquer la sous-traitance aux agences privées de main d’œuvre, la création de centres médicaux spécialisés à investisseurs privés et le choix du mode PPP dans la construction et la gestion des établissements de santé.
    6. Assurer la couverture publique des services d’autres professionnels de la santé médicalement nécessaires, peu importe le lieu de dispensation.
    7. Transformer le régime mixte d’assurance médicaments en régime entièrement public, gratuit, sans coassurance ni franchise.
    8. Assurer le plein financement du régime public de santé, principalement par le biais de l’impôt progressif.
    9. Abolir la taxe santé et refuser toute autre formule impliquant un utilisateur-payeur.
    10. Réinvestir en santé en tenant compte des besoins évolutifs, des changements touchant l’organisation de la société et de l’amélioration de la dispensation des soins.

    Le cas échéant, nous aimerions connaître les moyens que votre parti mettra en œuvre pour réaliser ces engagements.

    Veuillez accepter, monsieur, madame, l’expression de nos sentiments les plus distingués.

    Alain Vadeboncoeur MD
    Président
    Camille Gérin
    Vice-présidente