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Personnel inquiet et sous pression au CISSS de l’Outaouais

27 avril 2020

À cause du manque de personnel au CISSS de l’Outaouais, la situation devient intolérable pour les salarié-es en poste. Par exemple, il y a selon nos statistiques 197 postes des préposé-es aux bénéficiaires (PAB) non comblés sur l’ensemble du territoire de l’Outaouais, d’où tout le défi d’assurer les soins et services à la population, de façon sécuritaire, en particulier pour les résidentes et les résidents des CHSLD de l’Outaouais en ces temps difficiles. Dans ce contexte, le Conseil central des syndicats nationaux de l’Outaouais – CSN lance une campagne pour réunir les appuis régionaux à l’égard des travailleuses et des travailleurs qui sont justement en négociation avec le gouvernement du Québec pour rehausser les salaires et améliorer les conditions de travail.

« Nous dénoncions déjà le manque de personnel bien avant la crise de la COVID-19, rappelle la présidente du Syndicat des travailleurs et travailleuses de la santé et des services sociaux de l’Outaouais – CSN, Josée McMillan. C’est maintenant complètement intenable comme situation. Nous ne sommes pas surpris des énormes difficultés pour les établissements à attirer la relève compte tenu des conditions de travail actuelles ainsi que des salaires beaucoup trop bas. C’est vrai pour les PAB, mais également vrai pour de nombreux autres titres d’emploi notamment les auxiliaires aux services de santé et sociaux qui assurent le soutien à domicile et les salarié-es des services de l’hygiène et de la salubrité, de la buanderie de même que chez les agentes administratives ou encore chez les surveillant-es d’établissement. Le gouvernement ne pourra pas régler ces problèmes-là simplement en répétant en point de presse qu’il veut augmenter les préposé-es aux bénéficiaires. Il faudra qu’il démontre une réelle volonté d’y parvenir, à une table de négociation. Et il ne faut pas oublier que le réseau est une grande chaîne dont tous les maillons sont importants : tout le monde doit être reconnu à sa juste valeur. L’Institut de la statistique du Québec démontre, année après année, que les salaires du secteur public sont moins élevés que ceux versés par les autres employeurs québécois, et ce sans parler des salaires versés dans le secteur public chez nos voisins ontariens. »

Rémunération

Pour la Confédération des syndicats nationaux (CSN), les primes de 4 à 8 % versées au personnel qui combat la COVID-19 au quotidien sont insuffisantes et inéquitables. Insuffisantes, car elle représente, pour un ou une PAB en CHSLD au sommet de l’échelle, une prime temporaire de 1,79 $ l’heure travaillée, ce qui ne permet même pas de porter la rémunération réelle à 25 $ l’heure. En outre, elle génère des iniquités, car, dans un même établissement, où deux personnes font à peu près le même travail, l’une recevra 4 % et l’autre 8 %. La CSN demande que la prime soit un montant fixe de 3 $ l’heure et de 4 $ l’heure pour celles et ceux qui donnent davantage de disponibilité. Une prime en montant fixe a pour effet de reconnaître que la contribution de chaque travailleuse est importante pour gagner la bataille contre la COVID-19.

« Ce n’est certainement pas avec de telles primes temporaires de 4 à 8 % qu’on pourra relever les défis de main-d’œuvre en Outaouais, enchaîne le président du Conseil central des syndicats nationaux de l’Outaouais, Alfonso Ibarra-Ramirez. Si nous nous réjouissons d’entendre le premier ministre déplorer la faible rémunération des PAB, il faut tout de même rappeler que les multiples appels des syndicats pour régler la situation au fil des années n’ont pas été pris au sérieux. Maintenant, il faudra aussi ne jamais oublier que si les PAB sont dans cette situation, c’est parce que toute la politique de rémunération du secteur public est à la traîne. »

Mesures de protection

Actuellement, au sommet des préoccupations du personnel se trouve leur santé et leur sécurité de même que celles des personnes à qui il offre des soins. Au-delà de la charge de travail inhérente à une telle crise, les travailleuses et les travailleurs sont rongés par l’inquiétude d’être infectés, de transmettre le virus aux personnes dont elles et ils prennent soin et de finalement ramener le virus dans leur propre maison. Afin d’assurer les meilleures pratiques de prévention, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) a tenté de s’entendre avec le gouvernement sur les mesures à mettre en place. Le gouvernement a plutôt choisi d’imposer des mesures, par arrêté ministériel, et dans bien des cas, elles ratent leur cible.

« On a beaucoup parlé du manque d’équipements de protections dans les hôpitaux et dans les CHSLD et des mesures insuffisantes. La situation est en train de s’améliorer sur le terrain, reconnaît le vice-président régional de la FSSS–CSN, Daniel Roy, toutefois, nous sommes inquiets des risques élevés de contagion dans d’autres secteurs, par exemple le soutien à domicile. Prenons les auxiliaires aux services de santé et sociaux (ASSS) qui assurent le soutien à domicile : elles poursuivent leur routine exactement comme avant. Elles continuent leur boulot habituel en passant de résidence en résidence, portant les mêmes vêtements, incapables de respecter une distanciation sociale dans le cadre de leur travail sans savoir si les personnes qu’elles visitent sont contagieuses ou non, sans savoir si elles ont été en contact avec des membres de leur famille qui peuvent être porteurs du virus. Il y a vraiment des risques importants. »

Mesures spéciales

La Fédération de la santé et des services sociaux a mené des discussions intensives avec le ministère de la Santé et des Services sociaux, à la fin du mois de mars, afin de convenir de mesures spéciales à mettre en place pour traverser la crise. Ces négociations n’ont pas permis d’en arriver à une entente et de nombreuses disparités en résultent. Outre la prime de reconnaissance, les équipements et les mesures de sécurité qui demeurent des problèmes à régler en Outaouais, la FSSS–CSN plaide pour que tous les employeurs du réseau québécois :

  • fournissent et entretiennent les uniformes du personnel particulièrement exposé aux risques ;
  • maintiennent des communications fluides avec les syndicats, notamment en ce qui a trait aux informations concernant les cas de COVID-19 parmi le personnel ;
  • rendent gratuit l’accès au stationnement pour tous les salarié-es ;
  • retirent, avec rémunération, les personnes les plus à risque parmi le personnel, par exemple les personnes immunosupprimées.

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