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    • 24 MAI 19
    Préposés aux bénéficiaires : s’allier pour retrouver un sens à notre travail

    Le métier de préposé aux bénéficiaires est bien plus qu’une profession, c’est une vocation. Trop longtemps laissée dans l’ombre des médecins et bien malgré elles souvent aussi des infirmières, la population connait encore mal le travail des PAB.

    Dimanche dernier, la FSSS-CN soulignait la journée des préposé-es aux bénéficiaires. Je me disais alors qu’on est chanceux de pouvoir compter jour après jour sur leur présence pour prendre soin de la population. Mais je me disais aussi qu’il est grand temps que les décideurs prennent conscience de leur détresse avant qu’il ne soit trop tard.

    Les préposés au cœur de l’équipe de soins

    Les préposé-es font partie intrinsèque de l’équipe de soins. Que ce soit en centre d’hébergement, dans les hôpitaux, ou ailleurs dans le réseau, elles et ils sont toujours là pour répondre, accompagner, supporter, écouter, rassurer les patient-es ainsi que leur famille démunie devant la maladie.

    La préposée est souvent le premier visage qu’un patient voit lorsqu’il est accueilli lors d’une hospitalisation, c’est la personne qu’il reconnait jour après jour. Les PAB sont un visage rassurant qui aide sans cesse face à la vulnérabilité de la maladie. Quand le patient est incapable de faire ses soins de base, de manger par lui-même, d’aller aux toilettes, de se laver, il sait que malgré son état il peut faire confiance au jugement et à l’empathie des préposé-es aux bénéficiaires. En centre d’hébergement, les préposés deviennent pratiquement un membre de la famille du résident, un ami, un confident.

    Ce qui est fascinant dans ce métier et ce que j’ai pu constater un peu partout au Québec, c’est le dévouement que les préposé-es ont pour leur patient. Ils ont une capacité incroyable à se donner à autrui malgré les conditions exécrables dans lesquelles ils et elles œuvrent.

    Atteindre le fond après des années d’austérité

    Depuis près de vingt ans, mais encore plus depuis 5 ans, les conditions de travail n’ont plus aucun sens dans le réseau. Quand la nature même du travail d’une préposée est de veiller au confort du patient et que ça devient impossible de le faire faute de temps, ça mine le moral. C’est maintenant devenu impossible de le faire adéquatement dans l’état actuel du réseau de la santé.

    L’organisation du travail déficiente, l’alourdissement des patients, la cadence du travail qui est insoutenable, le manque de personnel, la liste est longue. Les préposés ne peuvent simplement plus suivre. On constate d’ailleurs une augmentation importante des accidents de travail et des problèmes de santé psychologique reliés au travail dû à la surcharge de travail.

    Quand on discute avec les PAB comme je le fais souvent, il ressort qu’ils ont envie de « tirer la plogue ». Ils ont envie de retrouver un sens à leur travail. Ils ne veulent plus revenir à la maison exténués, le corps endolori et avec l’impression de ne pas avoir fait tout ce qu’il y avait à faire.

    Nous n’assistons pas à un exode des travailleurs du réseau et notamment des préposés aux bénéficiaires pour rien. Quand on ne peut plus trouver un sens au travail que l’on fait, on le quitte.

    Retrouver une qualité de vie au travail

    Il est urgent de remédier à la situation autant pour les préposés que pour la sécurité de la population. Des mesures de rétention et d’attraction doivent être mises de l’avant maintenant pour retenir celles et ceux qui ont encore la force de rester. Augmentation de salaire, horaire qui respecte la conciliation famille-travail-études, revoir l’organisation du travail dans son ensemble de façon paritaire, voilà les solutions !

    Le gouvernement Legault a annoncé dans le dernier budget l’injection de sommes pour former de nouveaux préposés. Malheureusement, c’est insuffisant et ce sera long avant de voir un changement sur le terrain. C’est maintenant que les préposés ont besoin d’oxygène!

    La prochaine ronde de négociation dans le secteur public arrive à grands pas. Les préposés ont beaucoup d’attentes et ils ont bien raison. Les demandes salariales et l’amélioration de leurs conditions de travail sont un enjeu pour eux.

    C’est en nous rassemblant que nous parviendrons à améliorer les choses pour les préposé-es aux bénéficiaires comme pour l’ensemble du personnel du réseau !

    Judith Huot