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    • 24 FÉV 20
    Retour sur une victoire significative en Outaouais

    Il y a quelques semaines, nous avons présenté les résultats d’une lutte victorieuse en Outaouais. C’est plus de 90 postes de préposé-es aux bénéficiaires qui ont été reclassifiés au titre d’emploi d’agent d’intervention en milieu psychiatrique suite aux interventions du STTSSSO-CSN. Retour sur cette victoire syndicale qui permet d’enfin reconnaître le travail réalisé par ces salarié-es qui donnent des services en santé mentale.

    Une lutte pour la reconnaissance commencée il y a plus de 20 ans

    Commencée au début des années 2000, la lutte pour la reconnaissance d’un titre d’emploi particulier d’agent d’intervention en milieu psychiatrique (AIMP) aura exigé presque 20 ans de détermination et de représentations syndicales tant au niveau local qu’aux tables de négociations nationales. C’est dire la détermination de ces travailleuses et travailleurs à faire reconnaître leur contribution !

    Les résistances patronales à reconnaître la spécificité du travail des intervenantes et intervenants étaient basées au départ sur des arguments fallacieux comme : « vous n’avez pas de diplôme de professionnels, donc on ne peut pas vous reconnaître ». Cette vue de l’esprit ne tenait aucunement compte de la compétence empirique dans l’art de l’intervention et de la pacification des situations de crise : situations à risque de coups, de blessures, de décompensation psychologique pour le personnel.

    Enfin, cette façon d’analyser le travail des intervenant-es était en total porte à faux avec les diverses formations exigées afin de développer du personnel de qualité : d’abord, la formation sur l’intervention physique et psychologique non abusive (IPPNA), la formation Oméga, la formation sur le mandat du non-agir comme guide afin de protéger les intervenants dans les situations d’assaut grave ou de menace exceptionnelle et, à compter des années 2010, une formation d’appoint basée sur des jeux de rôle afin de familiariser les futurs intervenants à des situations qu’ils pourraient rencontrer dès les premiers jours de leur travail.

    Le travail d’AIMP

    Depuis des années les préposé-es aux bénéficiaires des unités de l’hôpital Pierre-Janet, de l’unité de santé mentale de l’hôpital de Hull, de deux unités de santé mentale de l’hôpital de Gatineau et de deux résidences pour troubles graves de comportement effectuaient les tâches d’un agent d’intervention en milieu psychiatrique.

    Ce travail implique plusieurs tâches, notamment un travail :

    • D’observation et de prévention des risques de décompensation
    • D’accompagnement des usagères et usagers à des activités de la vie quotidienne en vue de leur intégration dans la communauté
    • D’interventions afin de pacifier les situations de crise.
    • Nécessitant l’évaluation empirique des patients basée sur les signes, les codes et les comportements.
    • De collaboration avec les autres professionnels afin de renforcer le plan de soins individuel.
    • Nécessitant empathie, patience et jugement.

    Les représentations syndicales

    Cette reconnaissance est le fruit de l’acharnement dans une lutte qui a enfin trouvé son terme et qui s’est menée au niveau local, notamment par le dépôt de griefs et aux tables nationales de négociation. La FSSS et la CSN ont toujours été aux côtés des travailleuses et travailleurs afin de supporter la juste lutte des intervenants en santé mentale.

    Cette lutte s’inscrit de plus dans le manque d’intérêt de nos gouvernements pour les enjeux de la santé mentale. Cette mission a été frappée par l’austérité des dernières années et par la réforme Barrette.

    La non-reconnaissance du travail des agent-es d’intervention en milieu psychiatrique durant 20 ans a eu des effets toxiques sur le travail des intervenants et sur le climat de travail. La reconnaissance permet aujourd’hui de valoriser ce travail particulier qui demande beaucoup d’abnégation.

    Continuons le combat !

    C’est une victoire importante et nous devons poursuivre les efforts pour accentuer la reconnaissance du personnel du réseau de la santé et des services sociaux. Des efforts soutenus doivent permettre de renforcer la formation et l’expertise, de renforcer la supervision donnée par des intervenants d’expérience aux nouveaux et nouvelles dans la profession.

    En terminant, soulignons que rien n’est jamais acquis. Il faut à tout prix, continuer le combat afin de dynamiser l’approche des intervenants en santé mentale. Il faut aussi partager les connaissances entre intervenants à travers le Québec. Il faut valoriser cette victoire significative !

    Cet article a été rédigé à partir d’un texte de Robert Drapeau, ex-président du Syndicat des Travailleuses et des Travailleurs du Centre Hospitalier Pierre-Janet