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    • 05 FÉV 18
    Surcharge du personnel en santé : l’élastique est sur le bord de péter

    Émilie Ricard, une infirmière de l’Estrie, a témoigné sur Facebook de son écœurement face à la réforme Barrette et à la surcharge du personnel. Ce message rejoint beaucoup de monde dans le réseau de la santé et des services sociaux, et ce, dans toutes les catégories d’emploi. Malheureusement, nous ne sommes pas surpris d’entendre pareil cri de cœur. Nous ne sommes pas plus surpris de voir la réponse de Gaétan Barrette. Il reste fidèle à lui-même. Ce n’est pas de sa faute, ce n’est pas sa responsabilité. Ce sont les syndicats qui sont trop négatifs.

    Ce qui était un peu plus surprenant par contre, c’est la réaction du premier ministre Couillard. Cela avait de quoi surprendre d’entendre le docteur Couillard dire qu’il attend des solutions de la part des syndicats pour résoudre les problèmes vécus au quotidien par le personnel du réseau. Tout d’un coup, il dit vouloir entendre des solutions des syndicats. Voilà pourtant des années que son gouvernement fait la sourde oreille aux préoccupations du personnel en constante surcharge, en négociation comme en général. J’aimerais bien le croire. Cependant, c’est contradictoire avec la réalité.

    Le 17 octobre, nous avons écrit au ministre Barrette pour demander une rencontre. Nous avons clairement indiqué notre désir d’échanger avec lui sur cinq points : le taux d’assurance-salaire ; les fusions de services interétablissements ou interrégionaux ; le regroupement des administrations du CHUM et de Sainte-Justine ; les difficultés d’attraction et de rétention, d’accès aux postes et les impacts sur la charge de travail et l’orientation ministérielle sur la planification de la main-d’œuvre en soins infirmiers. Quatre de ces cinq points visaient des solutions aux problèmes réels vécus sur le terrain.

    Nous avons relancé le ministre à deux reprises. Nous n’avons aucune indication du ministre. Si le premier ministre dit vrai, il faudrait qu’il demande au ministre Barrette de donner suite à notre demande pour explorer des solutions au problème de surcharge du personnel.

    Soyons clairs. Il n’y a pas de solutions magiques et immédiates qui peuvent être faites sans investissement. Mais il y a des solutions concrètes qui peuvent donner des résultats à moyen terme et qui peuvent donner un espoir que les choses vont changer. Si le personnel sait qu’il y a des solutions concrètes qui s’en viennent pour agir contre la surcharge, il va faire le nécessaire pour tenir le fort encore un peu. La résilience de nos membres dans les quatre catégories du réseau a sauvé les meubles jusqu’à maintenant. Mais l’élastique est bien près de péter. S’il n’y a pas de perspectives d’amélioration rapidement, les établissements pourront bien continuer d’afficher des postes. Tout porte à croire que l’exode du réseau continuera.

    Contrairement à ce que prétend le ministre Barrette, le problème n’est pas le négativisme des syndicats. C’est bien plutôt son incapacité à entendre d’autres voix que la sienne. Plutôt que de tenter de diviser les forces vives du réseau, le gouvernement doit les rassembler pour trouver des solutions. Nous refusons de jouer le jeu de la division : les infirmières contre les techniciens, les préposées contre les employées de soutien, les professionnelles contre les employées de bureau. Ça prend des solutions pour tout le monde. Étant la seule organisation syndicale représentant toutes les catégories d’emploi du réseau de la santé, nous répondons « présents ».

    La balle est toujours dans votre camp monsieur le premier ministre !

    Jeff Begley
    Président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN)