< Retour Imprimer
    • 12 JUIN 19
    La fin de la partie facile pour le gouvernement Legault

    On peut comprendre le personnel du réseau de la santé et des services sociaux et du réseau des services de garde éducatifs de perdre patience. Le gouvernement Legault est au pouvoir depuis le 1er octobre 2018 et les gestes concrets pour améliorer les choses se laissent attendre. Regardons la situation de plus près.

    Un discours qui met le doigt sur des bobos

    Il y a quelques semaines, j’avais la chance de faire un discours juste avant la ministre Danielle McCann, pour souligner le 40e anniversaire de l’ASSTSAS, l’association paritaire qui s’occupe de la santé et sécurité au travail (SST) dans le secteur des affaires sociales.

    Ce n’est pas rien de réaliser que depuis maintenant plus de 40 ans nous parvenons à offrir des formations et des contenus de qualité sur les enjeux de SST dans le secteur. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que le climat n’est pas à la fête dans le réseau actuellement. Dans mon discours, j’ai justement indiqué que le réseau traverse une crise depuis plusieurs mois. Comme intervenant social, je n’utilise pas le terme de crise à toutes les sauces. Mais c’est bien le mot qui décrit ce que vivent les travailleuses et travailleurs.

    De son côté, la ministre a fait un discours qui met de l’avant plusieurs idées avec lesquelles je suis en accord, dont particulièrement une : miser sur de petites équipes interdisciplinaires autonomes. Même chose pour la ministre Blais qui a réellement à cœur d’améliorer la situation pour les aîné-es. Voilà pour les fleurs. Mais le problème, c’est qu’on ne sent pas encore que ce discours se transforme en action sur le terrain.

    Mais des actions qui tardent à venir

    Chaque nouvelle information pointe dans la même direction : la détresse atteint des niveaux inquiétants dans le réseau de la santé et des services sociaux. C’est ce que montrent les résultats de nos sondages-chocs sur les ASSS et les préposé-es aux bénéficiaires.

    D’ailleurs, la ministre McCann a été forcée de réagir aux résultats de notre sondage en ondes et elle confirme nos résultats. Ça vaut d’ailleurs la peine d’écouter l’entrevue. Mais ce qu’elle ne fait pas, c’est d’annoncer des gestes concrets pour faire face à cette crise. Elle ne fait que revenir sur les 200 millions du dernier budget pour augmenter le personnel dans le réseau. Après les années de disette qu’on a eues, c’est évident que c’est insuffisant.

    Des chiffres sur la détresse des préposé-es aux bénéficiaires

    La FSSS-CSN donne la parole aux préposé-es aux bénéficiaires! Elles et ils dénoncent clairement la détresse qu'ils vivent au quotidien. Les préposé-es ont répondu massivement au sondage de la FSSS.S'ils dénoncent les problèmes, les PAB ont aussi des solutions : – Près de 90 % des répondantes demandent l’embauche de personnel et la réduction de la charge de travail ;- Plus de 70 % affirment qu’il faut améliorer la gestion ;- Plus de 65 % souhaitent pouvoir participer aux décisions qui ont un impact sur leur travail ;- Plus de 60 % affirment vouloir avoir accès à des mesures de conciliation travail-famille.«J’invite les ministres McCann et Blais à prendre connaissance des résultats du sondage. Elles doivent faire quelque chose rapidement. La négociation s’en vient. Il faut en profiter pour augmenter substantiellement les salaires du personnel et pour améliorer les conditions de travail. C’est pour ça que la FSSS-CSN propose notamment à ses membres d’exiger qu’on interdise le recours au TSO. Il faut donner un coup pour mettre fin à la crise !», Jeff Begley, président de la FSSS-CSN.

    Posted by FSSS CSN on Monday, June 3, 2019

    Mais ce que je trouve désolant, c’est que le gouvernement Legault commence déjà à prendre des mauvais plis des années libérales. Il ne s’ouvre pas à celles et ceux qui savent le mieux ce qu’il faut faire pour améliorer les choses : les travailleuses et travailleurs. C’est vrai dans le réseau, comme ça l’est pour les paramédics.

    Les paramédics affiliés à la FSSS-CSN prennent la parole ces jours-ci pour demander au gouvernement Legault de respecter les engagements pris par l’ancien gouvernement à la fin de leur négociation en 2017. Le gouvernement doit respecter ce qui a été négocié et améliorer la couverture ambulancière en mettant fin à des horaires de faction dans plusieurs régions et en mettant les ambulances sur la route pour répondre aux besoins de la population. La réponse du gouvernement jusqu’à maintenant : il refuse de rencontrer les paramédics… Ce n’est pas notre genre de laisser les choses ainsi et c’est pourquoi nous avons organisé des conférences de presse un peu partout au Québec pour forcer le gouvernement à bouger.

    Même chose dans le réseau des services de garde éducatif, où le ministre Roberge s’entête à aller de l’avant avec son projet mur-à-mur de maternelles 4 ans. Comme le disait Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSS-CSN, il y a quelques jours, il y a maintenant un consensus large contre le projet bulldozer du gouvernement. Le ministre Roberge doit en prendre acte et se rabattre sur la seule solution qui s’offre à lui : concentrer son projet dans les milieux défavorisés.

    Si le gouvernement Legault est sérieux et veut vraiment offrir un vrai choix aux parents, ce n’est pas compliqué. Dès septembre, pour tous les enfants qui sont éligibles pour la maternelle 4 ans, il n’a qu’à mettre fin aux frais modulés. Lorsque les CPE ont été créés au milieu des années 1990, on a implanté le tarif réduit pour les enfants de 4 ans et on a progressivement réduit chaque année l’âge pour l’accessibilité à ce tarif. Donc, il n’y a pas précédent et cette façon de faire a fait ses preuves.

    Maternelle 4 ans – Le gouvernement continue d’improviser

    Plus de 200 personnes étaient présentes au bureau du premier ministre Legault pour le lancement de la campagne 4 ans, c’pas grand qui vise à démontrer que les services de garde éducatifs subventionnés sont ce qu’il y a de mieux pour les enfants de 4 ans.

    Posted by FSSS CSN on Friday, April 5, 2019

    Avec l’arrivée du gouvernement Legault, j’ai senti dans les premières semaines que les gens disaient : il faut laisser la chance au coureur. C’est fait. Il faut maintenant voir des actions qui donnent de l’air au personnel. Et vite !

    Jeff Begley