< Retour Imprimer
    • 02 JUIN 19
    La majorité des préposés aux bénéficiaires subissent de la détresse psychologique, démontre un sondage de la FSSS-CSN

    La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) dévoile un sondage-choc qui montre que 74 % des préposés aux bénéficiaires (contre 18 % des autres salarié-es québécois) vivent une détresse psychologique élevée alors que le réseau de la santé et des services sociaux traverse une crise inégalée.

    La dégradation des conditions de travail des préposé-es aux bénéficiaires (PAB) fait la manchette depuis plusieurs semaines. Mais le sondage mené par la FSSS-CSN est le premier à chiffrer l’ampleur du problème. Plus de 80 % des répondantes subissent de la détresse psychologique depuis au moins un an, ce qui illustre le risque de voir augmenter davantage les arrêts de travail si rien n’est fait. Cela dans le contexte où les arrêts de travail sont en hausse constante. En 2017-18, le ratio d’assurance salaire des PAB était 21 % plus élevé que pour l’ensemble du personnel du réseau. Le sondage de la FSSS-CSN révèle aussi que le deuxième bain tant mis de l’avant est loin de se matérialiser dans les établissements.

    Un sondage-choc sur la détresse des PAB

    La consultation de la FSSS-CSN a été menée du 15 février au 5 mai 2019. Ce sont plus de 8500 préposé-es aux bénéficiaires qui ont répondu à ce sondage, ce qui représente plus de 20 % des PAB du réseau. Les répondantes, très majoritairement des femmes, proviennent de toutes les régions du Québec et œuvrent dans tous les types d’établissements du réseau (CHSLD, hôpitaux, santé mentale).

    Les résultats indiquent l’urgence d’agir :

    • Plus de 70 % des répondantes ont fait du temps supplémentaire au cours des 6 derniers mois ;
    • Plus de 40 % ont fait du temps supplémentaire obligatoire (TSO) au cours des 12 derniers mois ;
    • Près de 30 % ont été menacées de sanctions disciplinaires en cas de refus de faire du TSO ;
    • Plus de 75 % n’ont pas suffisamment de temps pour donner les bains ;
    • Plus de 90 % affirment être constamment pressé par le temps à cause d’une forte charge de travail ;
    • 80 % indiquent vivre une grande fatigue physique et mentale à la fin de leur quart ;
    • Plus de 95 % indiquent que des PAB absents ne sont pas remplacés ;
    • 100 % sont exposées à une demande psychologique élevée et 90 % à une faible latitude décisionnelle ;
    • Plus de 95 % ont été exposées à au moins une forme de violence ;
    • Plus de 90 % identifient le manque de personnel et l’alourdissement des bénéficiaires comme les problèmes principaux, suivis de l’instabilité des équipes de travail (60 %).

    Cette surcharge a un impact direct sur les soins, alors que :

    • Près de 90 % des répondantes affirment qu’elles n’ont plus le temps d’établir une relation d’aide ;
    • Plus de 35 % affirment que personne n’est en mesure d’effectuer les tâches qu’elles n’ont pas eu le temps d’effectuer ;
    • Seulement 16 % indiquent réussir chaque semaine sans exception à donner un minimum d’un bain par semaine à tous les résidents qui sont dans leur charge de travail ;
    • Seulement 15 % affirment que tous les résidents qui sont dans leur charge de travail et qui le désirent bénéficient du 2e bain chaque semaine ;
    • 70 % doivent faire des compromis sur la qualité du travail ;
    • 60 % indiquent devoir laisser des résident-es couchés alors qu’ils devraient être levés ;
    • 55 % voient une augmentation des délais pour répondre aux demandes des résident-es ce qui peut occasionner des chutes.

    « Les résultats prouvent une chose : les préposé-es aux bénéficiaires sont au bord de l’épuisement généralisé. C’est un signal d’alarme très clair, le gouvernement ne peut le nier. Quand on se rend compte que certains employeurs forcent des PAB à prendre en charge jusqu’à 100 résident-es dans certains contextes, c’est que ça ne tourne pas rond. Et avec cette surcharge, ce qui prend le bord, c’est la relation d’aide qui est si essentielle pour prendre soin de la population », explique Jeff Begley, président de la FSSS-CSN.

    Les solutions, les PAB les ont !

    La FSSS-CSN propose des solutions pour améliorer les conditions de travail des préposé-es aux bénéficiaires et de l’ensemble du personnel. Le sondage de la FSSS-CSN permet de mettre de l’avant des solutions identifiées par les PAB :

    • Près de 90 % des répondantes demandent l’embauche de personnel et la réduction de la charge de travail ;
    • Plus de 70 % affirment qu’il faut améliorer la gestion ;
    • Plus de 65 % souhaitent pouvoir participer aux décisions qui ont un impact sur leur travail ;
    • Plus de 60 % affirment vouloir avoir accès à des mesures de conciliation travail-famille.

    « J’invite les ministres McCann et Blais à prendre connaissance des résultats du sondage. Elles doivent faire quelque chose rapidement. La négociation s’en vient. Il faut en profiter pour augmenter substantiellement les salaires du personnel et pour améliorer les conditions de travail. C’est pour ça que la FSSS-CSN propose notamment à ses membres d’exiger qu’on interdise le recours au TSO. Il faut donner un coup pour mettre fin à la crise ! », de conclure Jeff Begley.

    Les préposé-es aux bénéficiaires dans les médias

    En marge du forum, nous avons tenu une conférence de presse qui a été couverte par les médias. Cela a permis de mettre une pression de plus sur le gouvernement Legault pour qu’il reconnaisse enfin le travail réalisé par les PAB.